RAFAEL LÓPEZ VILAS
Extraits du livre “Lobo come lobo”, Ed. Versátiles, Huelva, Espagne, 2019
Traduction par Miguel Ángel Real
ASSOCIATIONS COGNITIVES
DE L'HOMME ENFER (EN UN SEUL MOT)
Écoute, mon vieux, nous ne sommes que des hommes. Des singes chauves qui font du vélo en été et qui achètent des bouquets de roses rouges pour la Saint Valentin. Nous sommes nés dans des hôpitaux et sur des paillasses en laine; dans d'étables sales, entre des animaux et des tas de paille et de fumier. Nous avons grandi debout et nous avons failli. Nous nous sommes trompés. Nous avons essayé avec de l'hypocrisie et des mensonges, et nous avons failli. Nous avons pensé et nous avons failli. Nous avons cru et nous avons également failli. Nous avons construit des ponts de verre et bâti des châteaux de fumée sur des déserts d'âmes nues. Nous avons rêvé que des jours meilleurs viendraient, et nous nous sommes trompés. Nous avons embrassé des drapeaux et nous sommes morts sous le poids atomique du bouclier. Nous avons joué à être John Rambo, répandu d'océans de sang sous un ciel incandescent de napalm et d'étoiles d'argent. Nous avons embrassé des légendes, léché les pieds boueux des dieux qui gisent sur la rive des merles blancs, et nous nous sommes trompés. Nous avons engagé notre dignité et notre fierté pour treize pièces que même le passeur ne voulait pas. Nous avons voulu acheter la liberté avec l'art de la guerre et nous avons suivi des psychotiques et des bouchers jusque dans le hall de l'enfer. Nous avons bu, partagé des bouteilles de découragement sur les mêmes flaques de solitude où nous avons tant de fois égaré notre dignité, et nous nous sommes trompés, l'humain est une erreur, à chaque fois que nous avons essayé. Nous nous sommes trompés en écoutant la voix des poètes. En faisant confiance à l'illusion de la main de l'artiste sur le trapèze. En rejetant l'espoir sur le jeu des élections ou en choisissant les mots d'adieu devant la porte de cet amour de jeunesse.
Oui, nous nous sommes trompés et nous n'avons pas su jouer le jeu. Nous pensions avoir des raisons pour allumer la flamme de la haine éternelle. Nous avons été aryens, purs. Fait cuire des juives dans des chambres à gaz. Nous avons assassiné des indiens, des chinois, bastonné des noirs de Santa Anita à Benidorm, et nous nous sommes trompés. Illuminés par la grâce divine, nous avons prêché la parole avec l'aveugle conviction de Durendal et du fusil automatique. Nous avons guillotiné, écorché et démembré à force d'estocade et de cheval, d'insultes et des coups de klaxon et de mépris. Nous avons cuisiné l'agneau sur le feu croisé du mortier et nous avons semé la campagne de bombes nucléaires et de tripes sanguinolentes. Nous avons voulu être plus forts, plus rapides et plus grands, beaucoup plus intelligents et, encore une fois, nous nous sommes trompés. Nous nous trompons toujours. Nous avons convoité la terre et nous sommes morts pour ses saintes écritures et, évidemment nous nous sommes trompés. Nous avons truffé de vierges les bordels sacrés. Levé des temples incorruptibles. Des statues équestres en or qui rappelleront aux pigeons que, en effet, nous nous sommes trompés à chaque fois. Nous avons éduqué les loups, domestiqué les lions et dressé des millions d'enfants avec des supercheries et des codex messianiques, qui éclaireront leurs destinées avec les fanges du despotisme des fanatiques. Nous avons jeté des ponts vers la lune, enquêté sur des dossiers martiens. Nous avons bâti des villes spatiales colossales et avons baptisé des Supernovæ et des Odyssées dans le Registre de la propriété intellectuelle. Et tu sais quoi? Nous nous sommes trompés. Hitler, Bush, Musso, Stalin, Franco, Videla ne jouaient pas seuls dans l'Olympe paranoïaque du parc.
Oui, mon vieux, oui. Nous sommes des vestes en train de se déchirer parmi la foule. Des moutons qui bêlent démunis avec l'indécision du raisonnement. Écervelés et fiers, nous nourrissons notre folie et nous continuons à bricoler le globe de notre grande farce et bien sûr, comment ne pas se tromper ! Nous sommes dociles, de fidèles sonnaillers débiteurs d'un Être Suprême. Nous nous sommes trompés, depuis toujours, peut-être pour toujours. Mais mon vieux, Pierre avait eu bon, lui, le salaud...
ASOCIACIONES COGNITIVAS
DEL HOMBRE DE YERRO (CON Y GRIEGA)
Verás, viejo, somos solo hombres. Monos calvos que conducen bicicletas en verano y que compran ramos de rosas rojas en el dia de los enamorados. Hemos nacido en hospitales y en jergones de lana; en sucias cuadras, entre animales y montones de paja y estiércol. Hemos crecido erguidos y hemos fallado. Nos equivocamos. Lo hemos intentado con hipocresía y mentiras, y hemos fallado. Hemos pensado y fallamos. Hemos creído y también fallamos. Construimos puentes
de cristal y levantamos castillos de humo sobre desiertos de almas desnudas. Soñamos que días mejores vendrían, y nos equivocamos. Hemos besado banderas y muerto por el peso atómico del escudo. Hemos jugado a ser John Rambo y derramado océanos de sangre bajo un cielo incandescente de napalm y estrellas de plata. Hemos abrazado leyendas y lamido los pies embarrados de los dioses que yacen en la orilla de los mirlos blancos, y nos equivocamos. Empeñado la dignidad y el orgullo por trece monedas que no quiso ni el barquero. Quisimos comprar la libertad con el arte de la guerra y seguimos psicóticos y matarifes hasta el living del infierno. Hemos bebido, compartido botellas de desaliento en los mismos charcos de soledad en que tantas veces perdimos la vergüenza, y nos equivocamos, yerro es el humano, cada vez que lo inten-
tamos. Nos equivocamos al escuchar la voz de los poetas. Al fiar la ilusión de la mano del artista trapecista. Al desechar la esperanza en el juego de las elecciones o al elegir las palabras de despedida en el portal de aquel amor de juventud.
Sí, nos equivocamos y no supimos jugar la partida. Pensamos tener motivos para alumbrar la llama del odio eterno. Hemos sido arios y puros. Cocido judías en cámaras de gas. Hemos asesinado indios, chinos y apaleado negros desde Santa Anita a Benidorm, y nos equivocamos. Iluminados por la gracia divina, hemos predicado la palabra con la convicción ciega de la Tizona y el subfusil. Hemos guillotinado, desollado y desmembrado a fuerza de mandoble y caballo, de insultos y bocinazos y desprecios. Cocinamos el cordero con el fuego cruzado del mortero y sembramos la campiña de bombas nucleares y casquería sanguinolenta. Quisimos ser más fuertes, más rápidos y más altos, mucho más inteligentes y, otra vez nos equivocamos. Siempre nos equivocamos. Codiciamos la tierra y hemos muerto por sus sagradas escrituras y, claro que nos equivocamos. Hemos plagado de vírgenes los santos burdeles. Levantado templos incorruptibles. Estatuas ecuestres de oro que recordarán a las palomas, que sí, que nos equivocamos, todas las veces. Hemos educado a los lobos, domesticado a los leones y amaestrado millones de niñios con falacias y códices mesiánicos, que alumbrarán sus destinos con los fangos del despotismo de los fanáticos. Hemos tendido puentes a la luna, investigado expedientes marcianos. Edificamos ciudades espaciales colosales y bautizamos Supernovas y Odiseas en el Registro de la propiedad de los intelectuales. Y, ¿sabes?, nos equivocamos. Hitler, Bush, Musso, Stalin, Franco, Videla, no jugaban solos en el Olimpo paranoico del parque.
Sí, viejo, sí. Somos chaquetas descosiéndose entre la multitud. Borregos que balan desvalidos con la indecisión del raciocinio. Descerebrados y orgullosos, alimentamos nuestra locura y continuamos parcheando el globo de nuestra gran farsa y claro, ¡cómo no equivocarse! Somos mansos, fieles cabestros deudores de un Ser Supremo. Nosotros nos equivocamos, desde siempre, quizá para siempre. Pero viejo, Pedro acertó, tres veces, el muy cabrón...
SAMEDI SOIR NON CONSIGNÉ.
QUE QUELQU'UN OUVRE LA PORTE À FEDERICO !
Ce soir
je suis assis sur mon fauteuil
à flemmarder
La télé est pleine de de gens qui parlent
d'autres gens et de ce qui leur arrive
Les livres s'entassent par terre
et forment des colonnes qui grimpent jusqu'au ciel
Je suis fatigué
et je bois de la bière
Ça me plaît
Dans la bouteille
il en reste un peu
encore
et ça me plaît
aussi
Il reste à peine un peu de nuit
La mort serpente sur le mur
Fellini est venu me voir aujourd'hui
et je n'ai rien à lui dire
Les dieux sans foyer
échangent des images dans les églises
Tout est si irréel
comme l'ombre des absences
qui dorment dans mon lit
Le radio-cassette est en panne, alors
la seule musique est
celle qui résonne dans ma tête
La vaisselle est toujours sale dans l'évier
elle me regarde du coin de l’œil
je ne sais pas ce qu'elle attend
J'ai le verre dans mes mains
ma vie peut-être aussi
Je sais que le temps se termine
Je sais que l'amour se termine
Regarde,
la bière
aussi
SÁBADO NOCHE NO RETORNABLE.
¡QUE ALGUIEN LE ABRA LA PUERTA A FEDERICO!
Esta noche
estoy sentado en el sillón
sin hacer demasiado
El televisor está lleno gente que habla
de gente y de las cosas que les pasan
Los libros se agolpan sobre el suelo
formando columnas que trepan al cielo
Estoy cansado
y bebiendo cerveza
Eso me gusta
En la botella
queda algo más
todavía
y eso también
me gusta
Apenas si resta noche
La muerte culebrea en la pared
Fellini ha venido a verme hoy
y no tengo qué decirle
Los dioses sin hogar
cambian estampitas en las iglesias
Todo es tan irreal
como la sombra de las ausencias
que duermen sobre mi cama
El radio-casete está estropeado, así que
la única música es
la que suena en mi cabeza
Los cacharros siguen sucios en la pileta
me ven de reojo,
no sé qué esperan
Tengo el vaso entre mis manos
quizá mi vida también
Sé que el tiempo se acaba
Sé que el amor se acaba
Mira,
la cerveza
también