MARINA AOIZ
Traduction par Miguel Ángel Real
Revelación del acero
En un torpe abismo culinario
se desangra la luz de la granada.
El itinerario del estaño
persevera en el trazado de la tierra,
hurga en la herida de la noche
rumbo a la brevedad de la caricia.
Un destello muere bajo el enebro.
En el paladar,
el licor de la memoria
fogoso serpenteo,
espinoso
penetra en las entrañas
de una fruta sin banderas.
Alimento solar
para la estirpe que nada espera
del cristal de la nieve y su estallido.
Pulsión de luciérnagas
atentas a la vegetación de la piedra.
Otro aire nos acecha.
Révélation de l'acier
Dans un gouffre culinaire maladroit
la lumière de la grenade perd son sang.
L'itinéraire de l'étain
persévère dans le tracé de la terre,
fouille dans la blessure de la nuit
se dirige vers la brièveté de la caresse.
Un scintillement meurt sous le genévrier.
Sur le palais,
la liqueur de la mémoire
fougueux méandre
épineux
pénètre dans les entrailles
d'un fruit sans drapeaux.
Aliment solaire
pour la lignée qui n'attend rien
du cristal de la neige et de son éclatement.
Pulsion de lucioles
attentives à la végétation de la pierre.
Un autre air nous guette
***
La ley de los líquenes
El clamor del viento
penetra por todos los resquicios; sus manos
invisibles pertenecen al metal de los peligros,
aprenden de las encrucijadas de la noche,
y al atrapar los pliegues de la luz,
reconocen el temor antiguo del invierno.
El jardín inicia sus ritos. En la desnudez
alberga un mundo muy pequeño
que se quiebra en cada hoja, en cada guijarro,
en cada gota de fría lava. Música del silencio.
Yo araño la almohada de líquenes y agua.
Naufrago en los temblores de la tela.
Al aire que acecha, espero. Y a la extraña
que a grandes zancadas camina por la nieve.
Trae agujas, pepitas de oro, el tamaño de la noche
tatuado en la espalda, la matriz de la escarcha.
Quiero el alivio de los hilos
enredados entre las ramas. Sus hebras de luz
derramándose en la oquedad de esta rezagada belleza.
Con los ojos fatigados
de tanta blancura
la visitante
despliega sus alas. Alas de la noche.
Enormes alas de cobre y plata, sin raíces.
La loi des lichens
La clameur du vent
se faufile dans tous les interstices ; ses mains
invisibles appartiennent au métal des dangers,
apprennent des carrefours de la nuit,
et en attrapant les plis de la lumière,
reconnaissent la crainte ancienne de l'hiver.
Le jardin entame ses rites. Dans la nudité
il héberge un monde très petit
qui se brise dans chaque feuille, dans chaque galet,
dans chaque goutte de lave froide. Musique du silence.
Je griffe l'oreiller de lichens et d'eau.
Je m'échoue dans les tremblements de la toile.
J'attends, dans l'air qui guette, l'étrangère
qui à grandes foulées marche dans la neige.
Elle apporte des aiguilles, des pépites d'or, la dimension de la nuit
tatouée sur le dos, la matrice du givre.
Je veux le soulagement des fils
enchevêtrés dans les branches. Leurs brins de lumière
se répandant dans le creux de cette beauté en retard.
Les yeux fatigués
de tant de blancheur
la visiteuse
déplie ses ailes . Ailes de la nuit.
Énormes ailes de cuivre et d'argent, sans racines
De Islas invernales, X Prix de Poésie Leonor de Córdoba. Collection Daniel Levi. Cordoue, 2011
Nodriza
El miedo late
en la aorta del asesino
al mismo ritmo
que en el corazón
de la criatura extraviada.
Las negras mariposas
sobrevuelan los nenúfares
mientras la luz choca
con las hojas amarillentas
de los robles ancianos.
Testigos de la perversión,
los vocablos ocultan sus esquirlas
en el limo de los lagos más oscuros.
Donde habitan diminutos sísifos
e ínfimas circes cubiertas de algas,
los peces de la antigua sabiduría
se alimentan
de partículas fosforescentes.
Sólo brillan al cabo de los siglos
en ciertas noches de ternura renacida.
Mientras,
ejerce la tiniebla,
magistral nodriza.
Nourrice
La peur bat
dans l'aorte de l'assassin
au même rythme
que dans le cœur
de la créature égarée.
Les noirs papillons
survolent les nénuphars
pendant que la lumière se heurte
aux feuilles jaunies
des anciens chênes.
Témoins de la perversion,
les vocables cachent leurs échardes
dans le limon des lacs les plus sombres.
Où habitent de minuscules Sisyphe
et des Circé infimes recouvertes d'algues,
les poissons de l'ancienne sagesse
se nourrissent
de particules phosphorescentes.
Ils ne brillent qu'au bout des siècles
dans certaines nuits de tendresse renaissante.
Entre temps,
les ténèbres exercent,
magistrales nourrices.
***
Llueve sobre París
Marguerite
se sabe más escritora
que ser vivo.
No perece
entre los brocados ruinosos
de la palabra falsaria.
Su copa de vino
refulge en la oscuridad.
Fiera de brillante pelaje,
elástica
maneja
primitivos rudimentos de la escritura
inmersa en interminables arrozales.
La luz se lleva
a su niño muerto
a los reinos insondables
de las letras infinitas.
A lugares inhóspitos
llega su búsqueda.
Detrás de las cortinas
no hay límites de espacio y tiempo.
Palabra-espada. Palabra-fuego.
Los cristales penetran en las vísceras
y arrancan un grito de luceros.
Llueve sobre París
y el Sena es una lágrima gigante.
Il pleut sur Paris
Marguerite
se sait plus écrivaine
qu'être vivant.
Elle ne périt pas
parmi les brocarts ruineux
de la parole fausse.
Son verre de vin
resplendit dans l'obscurité.
Fauve au pelage brillant,
élastique,
elle manie
les rudiments primitifs de l'écriture
plongée dans des rizières interminables.
La lumière emporte
son enfant mort
vers les royaumes insondables
des lettres infinies.
Sa quête atteint
des parages inhospitaliers.
Derrière les rideaux
pas de limites d'espace et de temps.
Parole-épée. Parole-feu.
Les cristaux pénètrent dans les viscères
et arrachent un cri d'étoiles.
Il pleut sur Paris
et la Seine est une larme géante.
De Códigos del instante, Edelphus ediciones, Tafalla, 2009. Finaliste en 2010, du I Prix International “Granada Costa”.