
mairet am ma teriam
Andrés Cisneros de la Cruz
Traduction de Miguel Ángel Real
materia de molares magníficos
coatlicue con tu danza de hélices
ruedas por mi sangre
con el silencio
de todos los que ahora
guardas en tu vientre de huesos
] y [
huitzilopochtli
me muestras mi rostro
aunque sea un sueño este cuerpo
miro mi rostro
que sólo puede ser visto
por alguien que necesita verlo
:
me miras y estoy en ti
en la obsidia de tu daga
en el ojo ciego de tu triángulo
en tu lengua de fuego
en tu palabra de humo
] l [
ixtab
estaba estuve
estatua rota tenía oro
viejo
entre los dientes
estío de frías uñas
instaba a los cuervos
a nadar con la sombra
de las anguilas
te invité a ogar[3]
y sumergiste todo
en tu esphera[4]
por eso corté el árbol
por eso mastiqué tu fruto
] j [
osa blanca lamí tu cabello
y me alimenté de la sombra
que sostiene entre sus dedos
tus ojos
luciferina, caminé el laberinto
que por calendario se abre
en las vertebras
de tu reloj muscular
seguí esa luz que es tu canto
y en la curva de tus caderas
advertí a la luna
crecer hasta desbordarse
en leche
] a [
padre teonanácatl
te vieron surgir
entre las milpas
cual maíz negro
aletear para llover
dentro de la casa
y apagar la chimenea
tomarte el mezcal
de las tres botellas
y vaciar los cazos
y hasta la estufa llevarte
para llenar el hueco
en tu pecho
] o [
sherezade maya
entre tus brazos
una vereda de almendros frescos
y el horizonte encendido
con el radiante aroma
de una vela que se inflama
en alta mar
dentro de tu botella
verde oliva
en donde sueñas
con alguien que frote tus párpados
y al genio de la esphira[5]
haga despertar
] n [
ramillete de dedos marfil
vienes a cubrirme con tu bosque óseo
a lavarme el rostro con tu saliva de río
caronti[6], con tu xólotl de llamas
incendiándome, apretándome con sus pétalos
contigo aprendí que la muerte y el sexo
se revelan cuando la vanidad o la desesperación
se suben en tu trajinera[7]
] m [
cómo temblaste en ese orgasmo
y las millones de posibilidades
de la carne se perdieron
en el espacio
no hubo flor que coronara
esa lluvia entre tus piernas
no hubo alivio para el dolor
de ese deseo que en vez de saciarse
se fue ampliando, se hinchó
hasta pulverizar tu cuerpo
y molerte en la rabia
de los que impotentes
vieron tu sonrisa húmeda
diluirse en el rostro
de nuestros muertos
[1]Este palíndromo, explica Adrián Cisneros, significa lo siguiente: “La materia a la materia, el infinito energético de la materia. Incluso la energía es materia. Es un poema sobre el orgasmo del reciente temblor en México. Y el placer de un orgasmo ocupa un lugar en el espacio. Y nos consume”. (Todas las notas son del traductor)
[2]Las letras que abren cada poema son, según el autor, “unas referencias a los contextos, a las coordenadas donde cada uno de los poemas fue surgiendo, como una morada gráfica”
[3] Adrián Cisneros nos explica que “« ogar » (sin hache) es una representacion del la morada que radica en nuestra mente y se concreta en diferentes espacios tangibles, acompañándonos en nuestro caminar.”
[4]Ver nota 5
[5]esphira: Explica Andrés Cisneros: “prefiero esta escritura para explotar las variantes fonéticas de la palabra: espira, expira. Se alude así a todo lo que va dando vueltas, apareciendo y desapareciendo en el círculo de la letra p.”
[6]Alusión a Caronte, el barquero de los infiernos. “Escribo caronti con i para asexualizarlo”, afirma el autor
[7]Las trajineras de Xochimilco, que temblaron con el terremoto de 2017.
Andrés Cisneros de la Cruz
Traduction de Miguel Ángel Real
] f [[2]
matière aux molaires magnifiques
coatlicue[3] avec ta danse d'hélices
tu roules dans mon sang
avec le silence
de tous ceux que maintenant
tu gardes dans ton ventre d'os
] y [
huitzilopochtli
tu me montres mon visage
même si ce corps est un rêve
je regarde mon visage
qui ne peut être vu
que par quelqu'un qui a besoin de le voir
:
tu me regardes et je suis en toi
dans l'obsidia de ta dague
dans l’œil aveugle de ton triangle
dans ta langue de feu
dans ta parole de fumée
] l [
ixtab[4]
j'étais je fus
statue cassée j'avais l'or
vieux
entre les dents
été aux ongles froides
je priais les corbeaux
de nager avec l'ombre
des anguilles
je t'ai invité au foyer[5]
et tu as tout submergé
dans ta sphère[6]
voilà pourquoi j'ai coupé l'arbre
voilà pourquoi j'ai mâche ton fruit
] j [
ourse blanche j'ai léché ton cou
et je me suis nourri de l'ombre
qui tient entre ses doigts
tes yeux
luciférienne, j'ai foulé le labyrinthe
qui comme un calendrier s'ouvre
dans les vertèbres
de ton horloge musculaire
j'ai suivi cette lumière qu'est ton chant
et dans la courbe de tes hanches
j'ai prévenu la lune
croître jusqu'à se déverser
en lait
] a [
père teonanácatl[7]
on t'a vu surgir
entre les champs
tel du maïs noir
voleter pour pleuvoir
dans la maison
et éteindre la cheminée
prendre le mescal
des trois bouteilles
et vider les louchées
et te conduire jusqu'au poêle
pour combler le trou
dans ta poitrine
] o [
shéhérazade maya
entre tes bras
un sentier d'amandier frais
et l'horizon éclairé
de l'arôme rayonnante
d'une bougie qui s'enflamme
au large
dans ta bouteille
vert olive
où tu rêves
de quelqu'un qui frotte tes paupières
et qui réveille
le génie qui exphire [8]
] n [
bouquet de doigts ivoire
tu viens me couvrir de ta forêt osseuse
laver mon visage de ta salive de fleuve
charon[9], avec ton xólotl[10] de flammes
qui me brûle, en me serrant avec tes pétales
j'ai appris avec toi que la mort et le sexe
se révèlent quand la vanité ou le désespoir
montent dans ta barque[11]
] m [
que tu tremblais dans cet orgasme
et les millions de possibilités
de la chair se sont perdues
dans l'espace
aucune fleur pour couronner
cette pluie entre tes jambes
aucun soulagement pour la douleur
de ce désir qui au lieu de s'assouvir
s'est élargi, s'est gonflé
jusqu'à pulvériser ton corps
et te moudre dans la rage
où les impuissants
ont vu ton sourire humide
se diluer dans le visage
de nos morts
[1]« La matière à la matière », palindrome qui évoque l'infini énergétique de la matière. « Il s'agit d'un poème sur le tremblement de terre de 2017 au Mexique, comme un orgasme qui occupe une place dans l'espace et nous consomme » Explication de l'auteur. (Note du Traducteur)
[2]Adrián Cisneros nous révèle que la lettre qui ouvre chaque section est « une référence aux contextes et aux coordonnées où chaque poème a surgi, comme une demeure graphique ». (Note du Traducteur)
[3]Coatlicue est la mère de tous les dieux du panthéon aztèque et une forme de la déesse de la terre, mère de Huitzilopochtli, le dieux du soleil et de la guerre (NdT)
[4]Déesse du suicide dans la regligion maya
[5]L'auteur nous explique que « ogar » (sans hache) fait allusion au mot espagnol « hogar » (foyer) comme une demeure située dans notre esprit, qui devient concrète dans différents espaces tangibles et accompagne les êtres quand ils marchent ensemble, tel un foyer. (NdT)
[6]Voir note 8
[7]Champignon hallucinogène (NdT)
[8]L'auteur affirme que l'orthographe de ce mot exploite ses variantes phonétiques (expirer ; en espagnol espirar o espirar / sphère : esfera ), pour faire allusion à tout ce qui tourne, qui apparaît et disparaît dans le cercle de la lettre p » (NdT)
[9]« Caronte », en espagnol, devient dans le poème « caronti », « comme pour asexuer le passeur des enfers », affirme l''auteur. (NdT)
[10]Xólotl "le monstre à tête de chien" est le frère jumeau de Quetzalcoatl et le guide nocturne de Vénus.
[11]Allusion aux barques du parc de Xochimilco, qui bougeaient lors de tremblement de terre de 2017 (NdT)