Del libro Inclinación del relámpago
Gustavo Alatorre
Ebrietas, ebrietatis
Con un hijo entregado al alcohol, uno dispone del mundo como un príncipe y una baldosa de tierra es arrojada a la infancia del huracán más bello. Tres hijos me dieron los astros para curar mi alma, para mirarme entrar con ellos en la eternidad. A mi mujer la embellece la lluvia y en mis pulmones entran las estrellas de su cabello.
Pero lo mío es el vino, la ebriedad del instante que hace del mundo un carruaje en el que el Diablo espanta los atardeceres; por eso el día transcurre de noche y gira despacio en el engrane del tiempo.
Mi corazón dicen que es ternura, pero mis manos han derrotado más ocres y furias, más garamantas y tristezas. La oscuridad del nimbo, la templanza del mar o la sanación del enebro, fueron parte de mi dominio.
Cuando del mundo me vaya, mi eternidad será una sola.
Con un hijo entregado al alcohol, uno dispone del mundo como un príncipe.
***
Que el corazón de un dios habite tus ojos. Esta mañana te saludamos todos tus muertos. Mi planeta de herrumbre, mi cometa del aire: la distancia entre nosotros no existe por este día luminoso. Como el naufragio de un barco, mi alma se construye de pedazos de ti, de lugares donde los dos moramos como fantasmas de una casa enorme que es el mundo. Este dos de noviembre nos recorre las venas, nos hace tristes o decantados a una nostalgia de vidrio roto, de ventana entreabierta o de primera lluvia. Te dije que el amor crecía en mí como un desierto, pero fueron tus ojos los que dejaron vacío mi mundo, vacía mi tempestad, mi ciudad de ladrillo.
Que el tequila de un dios habite tu sombra.
Borracho, como la primera luz del mundo, siempre tuyo, desde ahora.
Gustavo Alatorre
Extrait du livre “Inclinación del relámpago”
traduction par Miguel Ángel Real
Ebrietas, ebrietatis
Avec un fils livré à l'alcool, l'on dispose du monde comme un prince et une dalle de terre est jetée à l'enfance du plus bel ouragan. Trois fils m'ont donné les astres pour guérir mon âme, pour que je me regarde entrer avec eux dans l'éternité. La pluie embellit ma femme et entrent dans mes poumons les étoiles de ses cheveux.
Mais le vin est mon affaire, l'ébriété de l'instant qui fait du monde une calèche où le Diable épouvante les crépuscules ; c'est pourquoi le jour se déroule la nuit et qu'il tourne doucement dans l'engrenage du temps.
On dit que mon cœur est tendresse, mais mes mains ont vaincu plus d'ocres et de furies, plus de garamantes et de tristesses. L'obscurité du nimbe, la tempérance de la mer ou la guérison du genévrier, ont fait partie de mon domaine.
Quand je partirai du monde, mon éternité sera une seule. Avec un fils livré à l'alcool, l'on dispose du monde comme un prince.
***
Que le cœur d'un dieu habite tes yeux. Ce matin nous, tous tes morts, te saluons. Ma planète de rouille, ma comète de l'air : la distance entre nous n'existe pas dans cette journée lumineuse. Comme le naufrage d'un bateau, mon âme se construit par des morceaux de toi, par des lieux où nous demeurons tous les deux comme des fantômes d'une énorme maison qu'est le monde. Ce deux novembre nous parcourt les veines, nous rend tristes ou décantés dans une nostalgie de verre brisé, de fenêtre entrouverte ou de première pluie. Je t'ai dit que l'amour grandissait en moi comme un désert, mais ce furent tes yeux qui ont laissé vide mon monde, vide ma tempête, ma ville de brique.
Que la tequila d'un dieu habite ton ombre.
Ivre, comme la première lumière du monde, toujours à toi, dorénavant.