JOSÉ INIESTA
Traduction de Miguel Ángel Real
LA COUR OBSCURCIE
Repose, pensée, dans ces heures
sans personne.
Écoute les silences
de la cour obscurcie,
et le profond ravage de ta voix.
Et respire sans hâte
l'air de la nuit,
la féconde vigueur du souffle du monde
autour de ce jardin qui t'accorde
une odeur qui perdure
et les fleurs qui tombent.
SILENCE DANS LES VIGNES
Chaque jour nous atteignons encore plus le fond.
Il n'y a pas de douleur dans la terre que tu aperçois
transpercé par un étonnement paisible,
et aujourd'hui tout parle de toi dans les chemins
dans une journée sans nuages
de la fin de l'été.
Seulement ce que tu as aimé survit.
Enlever ta chemise et marcher déchaussé
de soif dans l'amour et devenir l'eau.
Quel silence retentissant dans les vignes,
quelle gravité dans chaque pas.
Quelle quiétude
que l'équilibre ancien d'un talus,
la prière du noyer près du chemin,
l'éclat du soleil sur ta peau
et en même temps sur les grappes serrées,
sur les terrasses sèches d'être vivant.
LA NUIT AVEC MOI
Quel mystère dans la nuit,
quelle harmonie
sauvage
du cœur et des étoiles, face à face,
suspendue dans la quiétude du tourbillon.
Soudain rien n'avance ou ne recule.
Le regard me suffit, être du ciel
qui allume dans le vide ses chandelles,
respirer dans la cour obscurcie
l'arôme immédiat du jasmin
avec un amour profond. Tout vole,
et tombera vers son repos. Rien n'importe,
car dans cette aventure d'être vivant
et de ne rien savoir d'autre ni ne le désirer
je découvre un paradis,
mon ignorance.
SUR LE PONT
Il y a des endroits qui sont toujours retour.
Chaque jour ils nous donnent abondamment
ce que nous attendons sans le savoir,
la lumière quand il fait jour sur la mer,
l'eau soudaine dans les canaux,
les roseaux poussés par le vent,
le soleil des oranges
dans les vergers obscurs. Quelle liberté que de se taire et voir l'aurore
dans cet hiver nouveau de mon âge.
Je viens d'arriver jusqu'à ce pont
où chaque matin je m'arrête
sans connaître la raison
de me savoir si vivant,
et l'odeur de la terre me délie.
UN VISAGE DANS LA LUMIÈRE BRISÉE
Minuit et orage.
Un point de destination, et la fenêtre.
Aujourd'hui ma main caresse sur les vitres
voilées par la pluie
ce qui a disparu,
la zone où la lumière est brisée.
La veine se dilate dans son frémissement. Nous n'exigeons plus rien dans cette maison,
et nous ravivons le feu qui s'épuise.
Dans sa permanence
l'amour est réponse,
et ces mains ouvertes à son offrande,
les pas qui retournent à travers la boue
vers la cabane de la fumée et de la pauvreté :
le calme déversé
sur la destruction.
JOSÉ INIESTA
EL PATIO OSCURECIDO
Descansa pensamiento en estas horas
sin nadie.
Escucha los silencios
del patio oscurecido,
y el hondo asolamiento de tu voz.
Y respira sin prisa
el aire de la noche,
el fecundo vigor del aliento del mundo
en torno a este jardín que te concede
un olor que perdura
y las flores que caen.
De “Bajo el sol de mis días”, Algaida, 2010
SILENCIO EN LAS VIÑAS
Cada día llegamos más al fondo.
No hay dolor en la tierra que divisas
flechado de un asombro sosegado,
y hoy todo habla de ti por los caminos
en un día sin nubes
del final del verano.
Tan sólo sobrevive lo que amaste. Quitarte la camisa e ir descalzo
de sed en el amor y ser el agua.
Qué silencio rotundo por las viñas,
qué grave cada paso.
Qué quietud
el equilibrio antiguo de un ribazo,
la oración del nogal junto al camino,
el resplandor del sol sobre tu piel
y a un tiempo en los racimos apretados,
en los secos bancales de ser vida.
De “El eje de la luz”, Renacimiento, Sevilla, 2017
LA NOCHE CONMIGO
Qué misterio en la noche,
qué armonía
salvaje
de corazón y estrellas, frente a frente,
suspensa en la quietud del remolino.
De golpe nada avanza o retrocede.
Me basta la mirada, ser del cielo
que enciende en el vacío sus candelas,
respirar en el patio oscurecido
el aroma inmediato del jazmín
con un amor profundo. Todo vuela,
caerá a su reposo. Nada importa,
porque en esta aventura de ser vida
y no saber más nada ni anhelarlo
descubro un paraíso,
mi ignorancia.
De “El eje de la luz”, Renacimiento, Sevilla, 2017
EN EL PUENTE
Hay lugares que siempre son retorno.
Cada día nos dan en abundancia
aquello que esperamos sin saberlo,
la luz cuando amanece sobre el mar,
el agua repentina en las acequias,
las cañas inclinadas por el viento,
el sol de las naranjas
en los huertos oscuros.
Qué libertad callar y ver la aurora
en este invierno nuevo de mis años.
Acabo de llegar hasta este puente
donde cada mañana me detengo
sin saber el porqué
de saberme tan vivo,
y el olor de la tierra me desata.
De “El eje de la luz”, Renacimiento, Sevilla, 2017
UN ROSTRO EN LA LUZ ROTA
Medianoche y tormenta.
Un punto de destino, y la ventana.
Hoy mi mano acaricia en los cristales
velados por la lluvia
lo desaparecido,
la zona donde está rota la luz.
La vena se dilata en su temblor.
Ya no exigimos nada en esta casa,
y avivamos el fuego que se agota.
En su permanecer
el amor es respuesta,
y estas manos abiertas a su darse,
los pasos regresando por el barro
a la choza del humo y la pobreza:
la derramada calma
sobre la destrucción.
De “El eje de la luz”, Renacimiento, Sevilla, 2017