JEAN-CLAUDE CROMMELYNCK
Traducción de Miguel Ángel Real
645 Les maelströms verts.
Le fleuve ronfle, siffle la rivière, souffle la montagne
Vive les pirates, vive les enfants-sauvages
Des arbres déguisés en oiseaux
Agitent leurs branches de feuilles jeunes
Pour plaire à Arthur sur la promenade
Et s'envolent avec lui vers d'autres maelströms verts
Où ils ne seront plus seuls jusqu'au linceul d'écume
Alors s'élève une clameur d'outre-terre
Un fou sans doute échappé du destin et qui crie à tout va
Aimez vous, aimez vous l'un l'autre et forniquez
Car j'ai fait un miracle aujourd'hui
Il n'y a plus de maladies sexuellement transmissibles
Pour prouver ma bonne foi, pour prouver qu'il faut me croire
Sachez que le plaisir est rétabli et la nudité un état d'ange
Le fleuve siffle, la rivière ronfle, craque la montagne
Vive les pauvres, vive les vieillards-sauvages
645 Los maelstroms verdes
El río ronca, silba el río, silba la montaña
Vivan los piratas, vivan los niños-salvajes
Arboles disfrazados de pájaros
Agitan sus ramas de hojas amarillas
Para complacer a Arthur[1] en el paseo
Y vuelan con él hacia otros maelstroms verdes
Donde ya no estarán solos hasta la mortaja de espuma
Se eleva entonces un clamor de ultra-tierra
Un loco que sin duda escapó del destino y que grita sin cesar
Amaos, amaos los unos a los otros y fornicad
Pues hoy he hecho un milagro
Ya no hay enfermedades de transmisión sexual
Para demostraros mi buena fe, para demostraros que debéis creerme,
Sabed que el placer ha sido restablecido y que la desnudez es un estado angelical
El río silba, el río ronca, cruje la montaña
Vivan los pobres, vivan los viejos-salvajes
858 Rêves secrets
Enfant Rimbaud je te rends hommage
Au fond de la cave près de la chaudière
où brûlaient mes jouets
j’ai connu la nature humaine
Á sept ans le patron de mon père
riant très fort à l’une de mes sorties
m’a trouvé beaucoup d’humour
et je suis devenu intelligent
J’ai marché réveillant les baleines
Bleutées et somnolentes
Une goutte a suffi pour étancher ma soif
et un baiser à me combler d’amour
J’ai alors en solitaire arpenté la terre
et j’y ai tout trouvé de mes rêves secrets
858 Sueños secretos
Niño Rimbaud te rindo homenaje
Al fondo de la bodega cerca de la caldera
donde ardían mis juguetes
conocí la naturaleza humana
A los siete años al jefe de mi padre
que se reía bien fuerte ante una ocurrencia mía
le pareció que yo tenía mucho humor
y me volví inteligente
Caminé despertando ballenas
Azuladas y somnolientas
Bastó una gota para apagar mi sed
y un beso para colmarme de amor
Entonces recorrí en solitario la tierra
y en ella entendí todo de mis sueños secretos
De "Derrière les paupières...L'immensité”, Maelström éditions
1033 New world IV (Les misérables)
Sans revenir à la vie oubliée
libre se pense le prisonnier qui dort.
La poussière étanche sa soif
du sang de l’innocent versé jour après jour
par les houles de haine.
Enchevêtrement des mondes
les uns à travers d’autres
passés, à venir et si peu présents.
Sans domiciles et ambulants
confondus dans une même misère.
Sans famille du jour à des années lumières
du romantisme misérable de Hugo.
Enfants errant seuls dans les mondes hostiles
et inconnus où ils sont proies de la chasse.
Vieux oubliés jetés aux mouroirs
ou finissant sur les trottoirs
immobiles, aux maisons, affaissés
1033 New World IV (Los miserables)
Sin volver a la vida olvidada
libre se piensa el prisionero que duerme.
El polvo apaga su sed
con la sangre del inocente vertida día a día
por oleadas de odio.
Maraña de mundos
unos a través de otros
pasados, por venir y tan poco presentes.
Sin domicilio y ambulantes
confundidos en una misma miseria.
Sin familia del día a años luz
del romanticismo miserable de Hugo.
Niños que vagan solos en los mundos hostiles
y desconocidos donde son presa de la caza.
Viejos olvidados tirados a los morideros
o que terminan en las aceras
inmóviles, en las casas, hundidos
et d'un charme évident vêtir la nature
nos espérances sont devenues d'infâmes certitudes et ce sont les fils de roi qui balayent les trottoirs
enlacés d'irréductibles dépendances aux cameras de surveillance, aux essaims de satellites et aux
sacrifiés à d'anciens rituels nous finirons en énigme insoluble pour les générations futures venues
[1]Arthur Rimbaud