Traduction par Miguel Ángel Real

GLASGOW, 1940

¿Qué vale el horrible mundo práctico

y útil, pesadilla del norte,

vómito de niebla y el fastidio?

A medida que avanzaban tan pálidas las horas

el agua ennegrecía

como un pañuelo negro en la tarde doliente

entre el silencio de árboles pelados

expandiendo su olor recóndito

a jardín desolado,

a labios púrpuras. Las hojas aplastadas

en el suelo enmarcaban los perfiles

de los crueles días de febrero, mientras

las huellas de los pasos sin retorno

asolaron la fuente cercada por naranjos.

Hay algo que se resiste pese a todo,

inmaterial, sustancia pura,

sin accidentes, mudanza o desarreglo.

De regreso a casa, por amplias calles,

buscabas palabras rotundas

que clareasen un día

de mil novecientos cuarenta,

pero el río Clyde se antojaba inclemente:

cada vez más gris y metálico,

encajando a la perfección

entre la soledad y el sueño;

hilo pendiente,

condición que la ilusión desordena.

Y no has sabido llorar

cuando las señales de ayer

iban cayendo una a una

como ondas concéntricas en la orilla

mostrando un paisaje sin tiempo

en esta tierra de nadie, tiranía del metal,

donde no duerme a la sombra

el pudor de una rosa abierta

ni el tintineo del agua

que derramaba silenciosamente

la fuente. Y, como de costumbre, duele,

ofrecer su secreto inaprensible,

el exacto momento en que hablaste de amor.

En el espejo gris

no se refleja tu figura,

adusta y sola,

sino esa instantánea de transbordo

en ese otro río de tu infancia,

que apenas tiembla de nuevo en su azogue,

y en este punto huyes

más allá del promontorio del miedo,

hasta perderte en una ciudad

que se esfuma en la jungla de la noche.

La misma noche

que no hace más que confirmar

el extremo de todas tus carencias. 

Y así, pasé el día, mirándote,

desterrado, como tatuado

en una segunda piel,

y llevado en volandas a otro cielo

tan lejos del asfalto,

en brazos del temblor de una luz nueva,

mientras el mundo

seguía sin demorarse en los detalles

donde los hombres se suceden

tan llenos de envidia y rencor.

Perseguías las notas musicales

de poder extranjero,

que, por fin, te asentasen,

en dominio tan íntimo

de abrazos que no saben de fórmulas,

de labios que levitan a los seres,

de besos que no fuesen tan callados,

para que te devolviese al edén

donde rigen la belleza y el goce.

Así podrías ser tú, si no hubieras

cambiado de lugar

y no desconfiases de las patrias,

el lenguaje y las enseñas.

©Revista Estación poesía, 21 (febrero 2021)

GLASGOW, 1940

 Que vaut l’horrible monde pratique

Et utile, cauchemar du nord,

 Vomissure de brouillard et d’ennui?

Au fur et à mesure que les heures, si pâles, avançaient,

l’eau devenait noire

comme un foulard noir dans le soir affligé

parmi le silence des arbres dénudés

et répandait son odeur secrète

de jardin désolé;

de lèvres pourpres. Les feuilles écrasées

par terre encadraient les profils

des journées cruelles de février, pendant que

les traces des pas sans retour

ravagèrent la fontaine encerclée par les orangers.

Il y a malgré tout quelque chose qui résiste,

immatériel, substance pure,

sans accidents, changement ou désordre.

De retour à la maison, dans des rues larges,

tu cherchais des mots éclatants

qui éclaircissent une journée

de mille neuf cent quarante,

mais la rivière Clyde semblait inclémente :

de plus en plus grise et métallique,

en parfaite correspondance

entre la réalité et le rêve ;

fil en suspens,

condition que l’illusion dérange.

Et tu n’as pas su pleurer

quand les signes de la veille

tombaient l’un après l’autre

comme des ondes concentriques sur la rive

et montraient un paysage hors du temps

dans ce no man’s land, tyrannie de métal,

où ni le tintement de l’eau

versée en silence par la fontaine

ni la pudeur d’une rose ouverte

ne dorment à l’ombre.

Et comme d’habitude, cela fait mal

d’offrir son secret insaisissable,

le moment précis où tu avais parlé d’amour.

Sur le miroir gris

ce qui se reflète n’est pas

ton visage, austère et seul,

mais cette instantanée de passage

vers cette autre rivière de ton enfance

qui de nouveau tremble à peine dans son tain,

et alors tu fuis

au delà du promontoire de la peur

jusqu’à ce que tu te perdes dans une ville

qui s’évanouit dans la jungle de la nuit.

La même nuit

qui ne fait que confirmer

le bout de toutes tes carences.

Et j’ai passé le jour ainsi, à te regarder,

exilé, comme tatoué

sur une seconde peau

et porté en l’air vers un autre ciel

si loin du goudron,

dans les bras du frisson d’une lumière nouvelle,

pendant que le monde

continuait sans s’attarder sur les détails

où les hommes se succèdent

emplis de jalousie et de rancune.

Tu poursuivais les notes musicales

au pouvoir étranger

qui, enfin, t’affirment,

dans une maîtrise si intime

d’étreintes qui ne connaissent pas de formules,

de lèvres qui font léviter les êtres,

de baisers qui soient moins silencieux,

pour qu’ils te renvoient vers l’éden

où régissent la beauté et le plaisir.

Tu pourrais être ainsi, si tu n’avais

pas changé de place

si tu ne te méfiais pas des patries,

du langage et des enseignes.

A PUNTO DE PARTIR

No liberes tus monstruos, corazón.

Muéstrate igual que cuando te subiste

en aquel rancio tren de color sepia,

con tu equipaje abultado de libros,

repleto de camisas arrugadas

y un listado de nuevas expresiones,

de relojes parados y de sospechas,

también algunas inseguridades;

todo un acopio de contradicciones.

Qué le vamos a hacer, es la ley.

Y así, así de intenso te fuiste.

Ya no mires atrás, mi corazón.

Igual que en el eclipse de la historia,

una noche que augura lunas consecutivas,

de cuerpos infinitamente cálidos

que vencen a la aurora y no marcan las horas.

Pienso en las estaciones como compartimentos.

Así, con la cabeza muy alta,

saboreando la estación final,

mientras contemplo los atardeceres,

repaso −privado casi del juicio−,

cuando íbamos sentados en el mismo vagón,

ese mismo sentir que tuve cuando

era fruta violentamente verde,

antes de lo que tú y yo teníamos.

La llegada del tren es anunciada.

Nunca mires para atrás, corazón.

La luz de entre los cipreses ( © Ediciones en Huida, 2012)

SUR LE POINT DE PARTIR

Ne libère pas tes monstres, mon cœur.

Montre-toi comme quand tu étais monté

sur ce train rance couleur sépia,

avec tes bagages chargés de livres,

remplis de chemises froissées

et d’une liste de nouvelles expressions,

de montres arrêtées et de soupçons,

quelques incertitudes aussi ;

tout un amoncellement de contradictions.
Que veux-tu, c’est la loi.

Et comme ça, avec une telle intensité, tu es parti.

Ne regarde plus en arrière, mon cœur.

De même que dans l’éclipse de l’histoire,

une nuit qui augure des lunes consécutives,

de corps infiniment chauds

qui ont raison de l’aurore et n’indiquent pas les heures.

Je pense aux gares comme des compartiments.
Comme ça, la tête bien haute,

savourant la saison finale,

pendant que je contemple les couchers de soleil,

je revois, presque privé de raison,

le moment où nous étions assis dans le même wagon,

la même sensation que j’ai eue quand

j’étais un fruit d’un vert violent,

avant ce que nous avions toi et moi.

On annonce l’arrivée du train.
Ne regarde jamais en arrière, mon cœur.

TEMBLOR

Tiemblan las hojas hoy. Un soplo vivo

zarandea el naranjo. La flor blanca

es parte tuya. Levantan el vuelo

grandes enigmas sobre blandos labios,

precipitándose. Abrigados siempre

por el destino y por sus imposibles,

esperan los deseos un cobijo.

Nos enroscamos igual que dos sombras

que tiritan  más allá del silencio.

La luz de entre los cipreses ( © Ediciones en Huida, 2012)

TREMBLEMENT

Les feuilles tremblent aujourd’hui. Un souffle vivant

secoue l’oranger. La fleur blanche

fait partie de toi. De grandes énigmes

s’envolent sur des lèvres tendres,

s’y précipitent. Toujours abrités

par le destin et par ses impossibilités,

les désirs attendent un refuge.

On s’enroule comme deux ombres

qui grelottent  au delà du silence.

ESTA CIUDAD NO CONOCE EL MAR

La ciudad ha echado por fin el cierre

con el sueño puesto en el azul salino,

después de tanta angustia contenida.

Es hora ya de alcanzar el mar,

pero aquí no se respira salitre.

Otra noche más quedan

las señales varadas,

rotas las ilusiones,

y los abrazos del asfalto gélido.

La luz de entre los cipreses ( © Ediciones en Huida, 2012)

CETTE VILLE NE CONNAIT PAS LA MER

La ville a finalement fermé ses portes,

ses rêves posés sur le bleu salin

après tant d’angoisse retenue.

Il est l’heure d’atteindre enfin la mer

 mais ici on ne respire pas le salpêtre.

Il reste, une nuit de plus,

 les signaux échoués

les illusions brisées

et les étreintes du goudron glacial.

CICATRICES

No hay cicatriz, por brutal que parezca,    

que no encierre belleza.

                                               Piedad Bonnett

En aquella cándida colina de piedras blancas

creíamos amarnos.

Parecía el reflejo en nuestros ojos.

Pero allí, los labios se agrietaban,

nuestros rostros de frío se consumían de escarcha

(en lo blanco se fijan cicatrices).

En cada amanecer de cielos nuevos

creíamos amarnos.

Mientras el aire y nuestro mar dormían,

te quitaste, callada, la coraza

(también el cielo tiene cicatrices).

En el sigilo interno de la noche

creíamos amarnos,

esperando certezas que lanzar a las nubes,

y no cristales en la alfombra

(la noche triste asume cicatrices).

Los falsos días ( © Alhulia, 2019)

CICATRICES

Il n’y a aucune cicatrice, aussi brutale fût-elle,

qui ne cache pas de la beauté.

                                    Piedad Bonnett

Sur cette colline candide aux pierres blanches

nous croyions nous aimer.

C’était peut-être le reflet dans nos yeux.

Mais les lèvres s’y gerçaient,

le givre consumait nos visages transis

(des cicatrices se fixent sur le blanc).
A chaque lever du jour aux ciels nouveaux

nous croyions nous aimer.
Pendant que l’air et notre mer dormaient,

tu enlevas, silencieuse, ta cuirasse

(le ciel a aussi des cicatrices).

Dans le secret interne de la nuit

nous croyions nous aimer

en attendant des certitudes qu’on puisse lancer vers les nuages,

et pas des verres brisés sur le tapis

(la nuit triste assume les cicatrices).